5 mai 2025   //     Newsletter 05.2025

À Bruxelles, les équipes mobiles 107 jouent un rôle sociétal de taille

Il y a quinze ans naissaient les équipes mobiles 107. En Région bruxelloise encore plus qu’ailleurs, elles jouent un rôle crucial en répondant à des besoins croissants et spécifiques à la Région. Quelle est leur place dans le paysage de la santé mentale ? Quels sont les défis qu’il reste encore à ce jour malgré leur existence ? Éléments de réponse avec le Dr Charles-Antoine Sibille, chef du service de Psychiatrie au CHU Saint-Pierre à Bruxelles.

Initiées à l’occasion de la réforme 107 qui avait pour objectif de mettre les réseaux de soins en contact et de sortir les patients psychiatriques de l’hôpital, les équipes mobiles soufflent cette année leurs quinze bougies.

Dans ce cadre, le Dr Sibille souhaite d’abord rappeler la distinction qui doit être faite entre les équipes mobiles 2A et 2B. « Ce qui différencie les deux types d’équipes, c’est la disponibilité et le timing d’intervention. Pour les équipes mobiles de crise (2A), la disponibilité est rapide et le timing d’intervention est bref (6 semaines maximum). Elles visent à aider les personnes qui traversent une crise à mettre en place un réseau autour d’elles ».

« Les équipes mobiles 2B s’adressent, quant à elles, à des patients qui ont un plus long parcours en psychiatrie. Elles interviennent malheureusement dans un délai plus long. Leur mission est d’accompagner sur le long terme des personnes qui ont des fragilités psychiatriques en leur proposant un contact hebdomadaire, en espérant éviter ainsi l’hospitalisation », complète le psychiatre.

Des équipes au cœur des réalités bruxelloises

À Bruxelles, sans doute encore plus qu’ailleurs, ces équipes mobiles jouent un rôle sociétal important. « L’idée est d’apporter aux patients un accompagnement plus proche de leur milieu de vie et de leur contexte propre afin de leur proposer des solutions plus pérennes que les hospitalisations en psychiatrie qui sont malheureusement souvent suivies de rechutes et de réhospitalisations », commente Charles-Antoine Sibille.

« Bruxelles est moins bien fournie en lits de psychiatrie que les autres régions. La présence de ces équipes y est donc d’autant plus fondamentale », rapporte le psychiatre qui connaît bien la patientèle que touchent ces équipes. « À Bruxelles, on assiste à une paupérisation croissante de la population, à une croissance exponentielle des personnes sans chez soi, des situations qui créent des besoins de soins importants. Vu le contexte, la Région bruxelloise était certainement la Région où le besoin de ce type de dispositif était le plus pressant ».

Au vu du faible nombre de lits de psychiatrie existants en Région bruxelloise, il est encore plus important que leur utilisation soit rationnelle. « Ces dernières années, il y a eu une tendance à spécialiser les services hospitaliers, notamment sur la base  d’entretiens de pré-admission. Cela n’a pas été sans conséquence. Aujourd’hui, nous sommes face à de grandes difficultés quand une personne en crise souhaite une hospitalisation volontaire. Une place en hospitalisation immédiatement est quasi impossible à trouver », soutient le Dr Sibille.

Un avenir incontesté pour les équipes EMUT

Il y a dix-huit mois, deux équipes mobiles d’urgence, appelées « EMUT (équipes mobiles – urgentieteams) », ont été créées : l’une au départ de Brugmann – Saint-Pierre et l’autre au départ des Cliniques universitaires Saint-Luc. « Via ce dispositif, nous sommes en mesure d’intervenir dans l’heure et proposer aux patients un passage quotidien, y compris en soirée et le week-end », rapporte le psychiatre. « Pour l’avoir testé pendant un an et demi, je suis convaincu qu’il s’agit d’une réelle alternative aux hospitalisations, y compris aux hospitalisations sous la contrainte. J’espère que ce nouveau modèle sera identifié comme un partenaire à part entière dans les futures discussions liées à l’offre de soins en santé mentale. »