
Être infirmier en maison de repos associative : l’amour du métier au service des aînés
Malgré la pénurie croissante d’infirmiers et une charge de travail de plus en plus lourde, exercer en maison de repos associative reste pour beaucoup une vocation empreinte de sens et d’humanité. À travers les témoignages de Sonja et Caroline, infirmières en maisons de repos privées associatives, cet article met en lumière la richesse humaine de ce métier si particulier, où l'accompagnement des aînés offre un quotidien professionnel qui fait sens et profondément enrichissant.
Sonja est infirmière en chef à la maison de repos et de soins Nazareth à Uccle depuis dix ans. Cela fait cinq ans qu’elle aurait pu prendre sa retraite, mais elle a choisi de rester au front : « J’aurais pu prendre ma retraite en 2019, mais le Covid est arrivé et je me suis dit que je ne pouvais pas laisser mes collègues en plan. J’ai alors décidé de continuer à travailler et aujourd’hui, après 48 ans de métier, je suis toujours fidèle au poste. »
L’importance du contact humain
Si Sonja a opté pour le métier d’infirmière, c’est avant tout pour le contact humain et c’est encore ce qui la fait vibrer aujourd’hui. « Je suis infirmière en chef, mais je n’ai jamais abandonné le terrain. D’une part, c’est important de rester en contact avec la réalité du terrain pour comprendre ce que vivent les collègues. D’autre part, le contact humain est aussi ce que je préfère dans la profession ».
Et son choix pour le travail en maison de repos n’est pas non plus anodin : « Ma grand-mère habitait chez nous et j’ai toujours eu beaucoup de respect pour les personnes âgées. Le contact que l’on peut avoir avec les patients en maison de repos est beaucoup plus intense qu’à l’hôpital. »
Il est clair que depuis que Sonja a commencé à travailler en 1970, le métier a évolué, et dans le bon sens en de nombreux aspects : « Autrefois, on retrouvait pas mal de gens de 70 ans en maison de repos, qui passaient la journée au fauteuil. Aujourd’hui, les gens qui entrent en maison de repos ont généralement franchi le cap des 80 ans, mais sont encore très vifs. Nous leur offrons un spectre d’activités beaucoup plus large, notamment grâce aux ergothérapeutes. Notre formation continue s’est aussi professionnalisée. Le matériel est aussi beaucoup plus ergonomique, ce qui permet d’économiser notre dos. »
Les personnes âgées sont enrichissantes et apaisantes
Caroline est infirmière de nuit à la maison de repos et de soins Scheutbos à Molenbeek. Le travail de nuit est encore une autre facette du métier, qui comporte son lot d’avantages.
Le travail d’infirmier en maison de repos est différent de celui en milieu hospitalier : « Ici, le ‘prendre soin’ prend tout son sens. On travaille à plusieurs niveaux : la prévention, l’éducation à la santé, les soins physiques mais aussi psychologiques. La prise en charge est beaucoup moins médicalisée, ce qui permet de l’axer davantage sur le bien-être, la bienveillance, le confort au moment présent », rapporte Caroline.
« Travailler en maison de repos la nuit permet aussi de découvrir les patients sous une autre facette. Nous pouvons prendre le temps de nous arrêter et de les écouter vraiment. Nous découvrons alors leurs spécificités et leurs besoins pour encore mieux pouvoir y répondre. Les relations que j’ai avec mes patients la nuit m’enrichissent et m’apaisent », ajoute cette infirmière.
Soutenir le travail infirmier
Aujourd’hui, nombreux sont les infirmiers qui quittent déjà la profession dans les cinq premières années. Pour lutter contre cette tendance, Caroline insiste sur l’importance de donner les moyens au personnel infirmier de pouvoir faire son métier qu’il a choisi par passion en gardant la qualité au premier plan.
Enfin, Sonja estime qu’il faut aussi pouvoir s’écouter : « Le métier d’infirmier est un merveilleux métier, mais il n’est pas simple. Il faut pouvoir s’écouter et ne pas dépasser ses propres limites. Aussi, il est aussi important que votre famille comprenne votre métier et vous soutienne dans les horaires à contre-courant de la population générale ».
Qu’est-ce qu’une maison de repos privée associative ?
Une maison de repos privée associative est un établissement géré par une association sans but lucratif. L’objectif principal n'est pas de générer du profit, mais de garantir un accompagnement humain, de qualité et respectueux des habitants. Les excédents financiers sont réinvestis directement dans l’amélioration des services, le bien-être des habitants et les conditions de travail du personnel.
Une maison de repos associative s’engage pour :
- Des valeurs humaines au cœur du projet : Solidarité, respect de la dignité, écoute et inclusion guident l’ensemble des actions.
- Une gestion éthique et durable : Les ressources sont utilisées pour améliorer les infrastructures, renforcer l’accompagnement et soutenir les équipes.
- Une ambiance familiale et chaleureuse : Résidents, familles et personnel tissent ensemble des liens forts, créant un environnement convivial où chacun se sent impliqué et respecté.
- Un ancrage local et un engagement social : Beaucoup d’associations nouent des liens forts avec la communauté locale, favorisant la participation citoyenne et l’inclusion.
- La qualité de vie et le bien-être des résidents et du personnel : Chaque habitant est considéré dans sa globalité, avec respect de son autonomie et de ses choix, tandis que les professionnels évoluent dans un climat de collaboration, de reconnaissance et de développement continu.
Les maisons de repos associatives offrent ainsi une alternative précieuse pour les familles et les professionnels souhaitant évoluer dans un cadre où l'humain est au centre du projet.